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Le NIHONTO GAKUIN

Il débuta en Novembre 1941 à SAGAMIRA - CHO , ZAMA . Sa création était destinée à répondre à la demande inflationniste pour des sabres japonais, pour répondre également à la demande des nombreux étudiants afin apprendre le métier et enfin , pour aider l'académie militaire de ZAMA à l'entretien et la maintenance de ses sabres propres. A la tête de cette institution , on trouvait YOSHIHARA KUNIIE .
A cette époque , il y avait environ 500 forgerons actifs dans le pays , et il y avait aussi une forte demande pour les GUNTO . La production de lames traditonnelles par ces 500 artisans était d'environ 7000 unités par an .
Si ils avaient été épaulés davantage , ils auraient travaillé plus vite et produit surement plus de 10000 pièces par an , mais face à l'importance de la demande , les formations étaient écourtées et un minimum de forgerons étaient de ce fait capables de produire des sabres traditionnellement .
KURIHARA voulait former un maximum de forgerons susceptibles à leur tour de former de nombreux élèves dans le futur et le respect de la tradition . Pour améliorer la formation , il intégra un dortoir et une cafétéria au centre pour permettre aux élèves de demeurer le plus possible au contact de leur travail . Il ouvrit également une coutellerie pour laquelle il fut critiqué , ses détracteurs considérant que sabres et couteaux n'avaient pas la même valeur "morale ". Cependant , KURIHARA pensait que les deux artisanats étaient très proches et issus de la même tradition basique de la forge . Il pensait également que le JAPON du futur devait être un leadership en matière de coutellerie industrielle .
Cette école forma un bon nombre de forgerons en activité dans les décennies suivantes voire même encore aujourd'hui .

L'APRES-GUERRE

Dès la fin de la guerre , le JAPON fut occupé par les Américains .Ceux-ci confisquèrent ce qui est estimé à 400.000 voire 500.000 sabres . Ils étaient stockés dans l'arsenal d' AKABANE à TOKYO . Sur ce total , moins d' 1% soit 5000 lames semblent avoir été sauvées de la destruction ou de l'exportation vers les USA et exposées au musée national de TOKYO . Ces lames confisquées devinrent des souvenirs ou des trophées pour les GI rentrant chez eux . Ces militaires préféraient , heureusement les lames rutilantes et neuves avec des montures récentes et militaires , ce à quoi correspondent tout à fait les SHOWATO . Donc parmi la majorité de sabres emmenés , on trouve des lames SHOWATO , de qualité moindre .
Les lames réquisitionnées par l'occupant n'étaient pas seulement constituées par les armes de guerre mais aussi par les sabres " domestiques " possédés par les familles de samourai notamment .Cette confiscation n'était innocente . Non seulement l'occupant souhaitait humilier le JAPON après l'infame trahison que constitua Pearl Harbor , mais également atteindre moralement et briser tout élan de nationalisme chez le peuple nippon , le sabre étant un des 3 objets majeurs du panthéon nationaliste japonais .
Pour arrêter cette hémorragie , deux hommes se sont associés : le déjà connu HONMA KUNZAN (1904-1991) et KANZAN SATO ( 1907-1978 ). Ils formèrent un comité pour négocier avec les forces d'occupation et empêcher la fuite de ses trésors culturels .
Ces deux hommes avaient en commun un fort attachement au sabre japonais d'abord dans le CHUO TOKEN KAI , ensuite avec le même employeur , le Musée National de TOKYO . KUNZAN était conservateur du département ARTS TRADITIONNELS JAPONAIS et SATO conservateur du département SABRES JAPONAIS , de plus ils avaient tous deux des activités gouvernementales : KUNZAN au Ministère de la Culture , en charge de la Recherche sur les sabres japonais et SATO au Ministère de l'Education en charge des Trésors Nationaux .
Sous le commandement de HONMA KUNZAN , SATO se rendit comme interprète au QG du Général MAC ARTHUR rencontrer le colonel CADWELL pour entamer les discussions sur le role et la valeur du sabre japonais . Ces entrevues entre les deux hommes durèrent un mois à l'issue duquel , les saisies furent stoppées .
Les forces d'occupation consentirent aux japonais la formation d'un comité chargé d'évaluer et de décider quels sabres devaient être préservés .Tous le sabres confisqués devaient être stockés à AKABANE . Le comité y venait
chaque jour pour examiner les pièces une à une . Cette action était menée sous couvert du Ministère de la Culture et un bureau fut aménagé à l'intérieur du musée national de TOKYO pour laisser le comité travailler .
Son responsable était HOSOKAWA MORITSUGU , il était assisté de 20 juges . Pendant leur activité , cependant , l'armée occupante continuait de distribuer des sabres aux GI en partance pour le pays .
Chaque membre était payé 7 sen par jour , une très faible rémunération même à cette époque .Chaque juge recevait aussi une bouteille de COCA-COLA par jour de la part de la Police Militaire et un repas typique Us à base de " sweet potatoes " à emporter .
Cela prit un an pour examiner toutes les pièces de collection confisquées . Parmi ces lames , de très nombreuses furent détruites mais 4575 pièces furent sélectionnées et conservées au Musée National de TOKYO . Elles n'ont été restaurées et examinées que depuis quelques années après avoir passé près de 50 années dans une réserve du Musée . En 1995 , le parlement japonais vota une loi pour que ces sabres retournent à leurs propriétaires . L'année suivante , un comité fut formé pour examiner ces épées. Ce comité se réunit 2 à 3 fois par semaine et ce durant 3 à 4 mois pour décider des affectations de ces pièces . D'abord , il sépara les vrais sabres
des contrefaçons , certaines nécessitant un traitement anti-rouille nommé MADO AKE ou polissage de finition partiel . Les lames portant des signatures authentiques furent cataloguées à plusieurs degrés en fonction de leur qualité . En Avril 2000 , une exposition des sabres d' AKABANE eut enfin lieu .

En marge de cette histoire , en 1948 ,après le travail de sauvegarde entrepris sur ces lames , les deux hommes
( KUNZAN SATO et HONMA KUNZAN ) décidèrent de créer une organisation dans le but de préserver , d'étudier et de protéger le sabre japonais traditionnel dans les années immédiates d' après-guerre .
Ce fut la création du NIHON BIJUTSU TOKEN HOZON KYOKAI , ou NBTHK . HONMA en fut le président et SATO le directeur éxécutif . L'organisation démarra en 1950 avec comme première action de réaliser des SHINSA , autrement dit , des meetings pour apprécier et évaluer les lames . Ces réunions attribuaient des certificats avec des appréciations de juges sur les sabres présentés . Les premiers certificats , HOZON TOKEN ( sabres intéressants à préserver ) , ensuite KICHO HOZON ( sabres importants à préserver ) puis
TOKUBETSU KICHO HOZON ( sabres très importants à préserver ). Dès l'instauration de ce système , les gens vinrent en nombre examiner les évaluations faites et apprendre comment expertiser les lames .
En 1950 , une loi " JU-TO-HO " fut votée ( loi sur les armes à feu et les armes blanches ) demandant aux possesseurs d'armes de les faire recenser auprès des instances gouvernementales et demandant également l'obtention d'une licence pour leur possession . Après la promulgation de cette loi , soit en 1951 , chaque propriétaire ou acquéreur d'un sabre ( ou d'une arme à feu ) devait en faire la déclaration et être gratifié d'une licence .
Le 17 décembre 1951 , KURIHARA HOKISABURO organisa un meeting à KANDA ( TOKYO ) pour mettre au point un projet consistant en la construction de 300 sabres destinés à commémorer conjointement le traité de paix de la seconde guerre mondiale et la fondation des Nations-Unies à San Fancisco .
Or , après la guerre , en 1945 , le gouvernement avait voté une loi interdisant la fabrication de sabre japonais . Cependant , le 9 Avril 1952 , le gouvernement autorisa à nouveau la forge de sabres sous le couvert du Ministère du Commerce International et de l'Industrie . KURIHARA fut prévenu très vite de cette décision et , le 9 Mai , il reçut officellement l'autorisation de fabriquer ses 300 épées . Fin Mai , il entreprit par ses propres moyens un voyage dans tout le pays pour rencontrer des forgerons et les rallier à son projet .Celui-ci s'est vu baptisé par le nom de KOWA-KINEN-TO . Le projet démarra donc et des lames furent fabriquées, mais , malheureusement , malade , KURIHARA décéda le 5 Mai 1954 à 75 ans .
Ce projet prit hélas fin avec son décès mais cet évènement eut une portée non négligeable car il entraina la résurrection de la forge traditionnelle du sabre japonais . Le sort a peut-être bien fait les choses en définitif .
En effet , sans ce déplacement dans tout le pays pour rencontrer les forgerons et les convaincre de construire une nouvelle fois des lames sous l'égide du gouvernement , la forge du sabre d'art japonais serait peut-être morte définitivement .....

A Suivre.....

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Chapitre 7 : Les Ecoles de Forge